Plein Air
I
Ivre de vent et ivre de lune
Effleurent les épines de pin
Les aiguilles longues et fines
Apportent la blessure infortune
Des deux feuilles en calepin
Qui cachèrent leur chlorophylle.
La matière opaque
Qui piquât le role
Aux nuages ovales
Gaspilleuses et mornes
Dans leur manière démoniaque
De nuager de la vapeur
Dans d’étranges formes.
La matière opaque
Frémissante dans l’ère froide
Frémissante dans la lumière
Qu’elle cache en mosaïque
Qu’elle trempe en noyade
Dans le noir mouillé
La mosaïque change
Aux fils de l’année
D’un tissage très dense
Au fer martelé
Mais la nuit cela change
Le nu disparait
Il prend les offrandes
D’un temps plus muet
Des milliers de formes
En haut de ces cimes
Une foule en laisse
En laisse de bois
Mais la nuit cela change
La foule s’unit
Quantité de troupeau
De milliers de moutons
Peuplent en monochrome
Le ciel de mon rêve
Un rêve d’une trace
Du chemin que j’emprunte
Mais!
Elles pâturent sans cesse
Dans l’air lourd de ce bois
Et quand je les effleure
Au bout de mon coude
Elles longèrent mon bras
De milliers de couteaux
Tranchants, tronçonnants,
Qui coupèrent ce qu’il me reste
En nombre de cillements de coeur
Par seconde
Par seconde
Par seconde
Par seconde que je bats
Et mon coeur il bat fort
sur membrane de peau
Les plumes en vert
palpitèrent avec
Du carton du papier
Compost et terreau
Le protocole secret
d’une famille dentelle
Le poumon de sa vie
qui respire la nuit
La feuille elle expire
et elle tourne la tete
en me disant de ton sur:
« Pourquoi est tu la,
Sur les traces d’argent car
Tu risques de vivre
et tu pourrais te plaire
Sous l’eau notre poil
se transforme en or
et cueilli nous on meurt
et toi tu te perds
Entrée triomphale
du diable lui même
Le bout du doigt
garde le près de toi
Le bras en l’air
tu souffles bas
et là... »
« Il faut que tu saches
ce qui traine dans ce lieu
C'est toi et la mort
qui te cherche a tuer
Mais ne la crains point
La mort est animale
Elle porte le calme
Le silence si attendu
Dans la foret qui grouille
et se peuple la nuit »
La feuille elle salua
et bougea les bras
ses soeurs et ses frères
firent comme elle le fit
elle battirent des ailes
et s’enfuirent dans l’air
L’air était froide
Et les feuilles étaient brunes
Ondulé et friables
En miettes et en gouttes
L’habit de ces arbres
Qui dévoile le metal
Fer et acier
Dur en hiver
Fondu en été
Les feuilles de papier
Chantent
Un air envolé.
Ils chantent en lui
Trois cent tomes
En sommes immenses
Ces noms innombrables
Donnent masse
à leur mère arbre
Les gouttes en verre
Alourdissent les pointes
Pointant vers le bas
Vers les racines qui boivent
« Vers là bas, il faut tomber »
à coup de fouet
D’eau qui tape
Un pleur
Une larme
La tête baissé
au fardeau de traie
tirent le wagon lourd
de la responsabilité
Huit mois seulement
Au cordon
accroché perché
Tout en hauteur
Le fer il rouille
Il casse il brise
La feuille elle tombe
Vers le sol qu’elle vise
La jolie cible
de la racine grise
Une brise l’attrape,
au sol, au sol
tout autour
Un b-moll sonne
leur premier jour
Le feuille se dissout
Sa peau se détache
Il reste que des beaux os
Ossements effrités
Au toucher
Sur une friche
Pleine de peau
Et des os
Qui dansent et qui sautent
Au clapotis de la nuit
Et avec leur joie
D’entrer sous la terre
Font s’étirer les arbres
Qui eux dans l’elan
Secouent leur manches
Pour couvrir le sol
De confettis oranges
II
Parmi ces plaines
vides de sens
Une ile de vert sapin
en feuilles de hêtre
Sur mon île
je mettrais un océan
Un ocean de sens
a ce refuge apeurant
Une mare de vide
aux marées changeantes
Des crapauds sautent
l’écart entre les iles
l’écart des visibles
qui se lancent des regards
de partenaires méfiants
Entourant les chateaux
des fossés à fleur
à fleur des champs
peuplés de blé
et de rêves fanés
qui fleurissent en été
Et les tiges de mais
qui s’étirent au ciel
elles croient que l’ile
veut faire comme elles
Mais le bosquet
on l’entend rire
se moquer du champs
l’esprit coquet
qui aime les querelles
Car la foret elle vit
la journée en ombre
et le soir venu
elle se fond dans le ciel
peuplé des célestes
qui se baladent en elle
Une silhouette de noir
dessiné sur fond gris
Car le ciel de nuit
semble clair contre lui
Lui c’est l’immeuble
de centaines d’hommes
qui rentrent chez eux
le travail fini
L’étendue de ces plaines
qui rapportent du blé
Le flux est rompu
et ne reviendra plus
quand s’épuise le fruit
du mal
ou du bien
Du succes
qui se veut mérite
Les marchés rouvrent
le matin venu
Au début de l’aube
quand l’homme aura disparu
Dans la foret profonde
qu’est cette ile conçue
pour avaler tous les hommes
qui s’emparent d’autrui
L’horizon des possibles
Plat et futile
Comble le vide
qu’il échoue à remplir
Sur le champs plat ils courent
Les taches bleu Prusse d’ombre
Au galop constant
l’un derriere l’autre
jusqu’à ce qu’ils affrontent
L’ilot de ce bois
Et ils sautent haut
Haut le ciel,
En brume blanche
Qui grise la surface
Pour qu’après l’obstacle
Redescendre sur terre
Ou le soleil les chasse
Jusqu’au prochain chateau.
Et les traces qu’ils laissent
Sont droites et semblantes
Le tissage des fibres
D’un travail réfléchi
Alors qu’où sont les arbres
Le chaos le noeud
Des millions de fils
Tissés en chaos
Des trames et des lignes
Amènent loin de là
Etrange phénomène
Du chemin multiplié
Des sentiers parallèles
Qu’on marche côte à côte,
Chacun sa ligne
Ne surtout pas croiser
Celui a droite
Ou celui a gauche
Qui jette un oeil
Sur ce que je trouve
Jaloux il saute
D’un coup sur ma trace
Il me suit je marche vite
Pour atteindre le bois.
III
Se cachant dans les couches
Du feuillage soufre
Le lion en manque de courage
Le lion jeune et fauve
Fauve, sauvage sauf son âme
Mate, elle absorbe les brillances
De l’évènement animé
Rependant le mot
Que personne ne l’ai jamais vu
Les peaux poilues
Les lignes brillantes
Dense en collerette
Coule en vaguelettes
Les vallées sombres
Les sommets blancs,
Le chemin entre
Des couleurs saturés
Changeants du dos au ventre
Luisant elle ressemble
La peau des fantômes
Aux hachures des brins
Qui couvrent le terrain
Le poil qui vole
La plume qui semble
Se fier à l’amour
Du vent
Qui lui souffle sous les ailes
En disant,
Soulève toi,
Petite creature,
Brille, en irisant
De tons verts et bleus
En écartant tout tes doigts
À distance égale
Pour mesurer
à quel point je vais t’emmener
Avec moi
Haut,
haut,
très haut
Vole la pie
Vole les petites pieces d’or
Que le soleil a fait tomber dans
l’obscurité de l’îlot arboré
La pie,
Une pour le chagrin,
Deux pour la joie
Trois mort au matin
Quatre en vie le soir
Cinq pour l’amour
Six pour le diable
Sept pour la haine
Qui se remarque a peine
Un oiseau noir
Qui ne crie pas
Qui parle sans paroles
Dans les branches se fait voir
Un aplat noir
de forme étrange
Une tache jaune
Lui tient le bec
Le guide dans ses pensées sombres,
Vers des chansons plus gaies
Des suites aléatoires
Un bruit
Un chant
S’arrête,
Silence,
Et puis reprend.
Museau curieux
Des pattes attrapent
Cachent en attrape
et frappent le nez
doucement s’avance
le felin calin,
ronronne tout bas
chasse au pas lent
la proie à dent
Longue hésite
A peur
Non
Prend courage
Et se lance
Dans les pattes
Du prédateur en rage
Amoureux naufrage
Sursaut hors sol
Sousbois remués
Miroir blanc incolore
Qui s’échappe
En trace sinuée
D’oreilles larges
qu’écoutent en playback
Le danger immédiat
De notre presence
Alors que l’echo
Du bruitage bruissant
Le feuillage diverge
Du chemin
De l’evadée
Je suis
Serein
IV
Inapperçables,
Molécules unis,
condensé en petit
Alors que ensemble
La vague immense
Du Tsunami
Tient à flot
Le dernier radeau
Du mystère primaire
Qu’est la goutte d’eau
La rivière marche
Le long du lit qu’elle s’est fait
Le suit et le suit
En cherchant l’oreiller
Pour poser sa joue
D’acres lueurs roses
En rangs sur les roseaux
Propre un après l’autre
Le concours des étoiles,
De qui brillera le plus
Glissant en cavale
En fondant l’un dans l’autre
Pour se lancer en pointe de lame
Lancée la perle en verre
Qui s’éclate au cri déchirant
Sur la plaque noire et têtue
Surface figée
D’un miroir aux reflets patinés
Les roseaux aux verts grisées
qui empalent l’eau au pied
Dégradé d’argent au pâle
Ocres rougissants
De l’étang mouillé
Qui les a embrassés
Pourriture en algues vertes
Salive de grenouilles camouflés
Un saut et puis elles prennent
l’envol dans un ciel d’orage.
À l’endroit de l’impact
Avec les reflets du bleu
Une mousse blanche et
Vieux rose
s’éparpille en bulles
Seules courantes
Contre courant
Mourants
Et naissants
à chaque cascade et chute
Que leur inflige le cours d’eau
Ainsi faisaient les gouttes
projetés par leur corps de titan,
Contre des roches lisses
Glissantes de mousses gorgées
Pleines déjà des siens
Se fait refuser une pause
Et ressaute au loin
Un rebondi perpétuel
Qui salue les passants
Par de rafraichissants baisers
Au cou ou à la main
Mais qui en demande trop
La goutte se fait en eau
Torrent de huit cent tonnes
donnent la brume en brouillard
Et attirent dans leur lit
Les dormeurs distraits
Finis
V
Ils ont tellement peur
Qu’ils n’en ont plus besoin
Plein d’aigreur
Qu’ils tuèrent leur témoin
Ils rigolent dans l’ombre
Qu’ils s’en moquent du soleil
Ils courent et trébuchent
Sur les petites oreilles
Qui écoutent le hiatus
Qui coupent leurs rires
Et les lie aux pleurs
Les autres se chassent
Paperasse feuillue
Dans un melange
De troncs et arbustes
Grattant leur peau
Résistante en cuir
Chevelu jusqu’aux hanches
De satyr Nosferatu
Aux dents coupants
Haletant au sang
De la tacheté victime
Les autres la soignent
Et lui portent du miel
Ambrose et Belladonne
Hallucinant arc-en-ciel
De 7 couleurs
Galium odoratum
Leur spectre en un
Blanche en apparence
Au parfum coloré
Un bouquet
fraudulé
Onctueux
Et maigriot
Mis dans l’eau
Pour ne pas faner
Dans l’heure à venir
Les autres se serrent la main
S’accordent sur le ton
D’une conversation sérieuse
Harmonieuse et cochon
De vouloir exploiter
La banquise verte
Flottant dans les deserts
Dessert aux miel de sève
Qui se mange en plein-air
Les autres se remercient
D’avoir pu être là,
Ils se regardent dans les pupilles
Profonds et froids
Une chaleur y surgit
Au « merci » et au « bonsoir »
Une tendresse de hyène
Clébard aux yeux tendres
Aboient tous ensembles
Echo du contrebas
Les autres se dispersent
Se saluent de loin
Jusqu’à dix cent mètres
Ils ne se retournent point
Chacun dans sa vergogne
Crispé aux nerfs tendus
Voila ces bonhommes
Qui au diable se sont vendus